Pierre-Philippe Hofmann mène depuis une quinzaine d’années différents projets d’approche conceptuelle et portant sur le paysage. Lieux communs – Gemeenplaatsen, un vaste projet documentaire de plusieurs centaines d’images a été élaboré sur une période de six ans et a fait l’objet d’une publication chez ARP2 Editions.
Le projet Odyssées de l'Ordinaire est le point de départ d'une expérience inhabituelle du paysage et du réel. Par le biais d'un formulaire concis, l'utilisateur définit le contexte (« Quelle est la météo | », « De combien de temps je dispose pour participer | », etc.). Le système informatisé génère alors de façon aléatoire une aventure paysagère qui fera évoluer le participant vers une autre expérience de la réalité, en le faisant sortir de ses chemins habituels, en l'invitant à agir de façon décalée sur l'environnement quotidien (petites actions physiques, expérimentations sociales, interventions esthétiques...). Sur un support mp3 et/ou papier, des consignes (une voix, différente pour chaque consigne) et des ambiances sonores (musiques ou bruitages) sont diffusées et le promeneur peut se laisser guider. à la suite de son expérience, il peut partager ses impressions et proposer de nouvelles consignes. L'outil informatique permet de gérer plusieurs langues. Existant actuellement dans une phase expérimentale, le concept peut par ailleurs être adapté aux particularités de l'environnement dans lequel il sera présenté. Exemple : on présente le projet au littoral. De nouvellesconsignes seraient alors conçues et l'artiste imaginerait un dispositif permettant d'intégrer ce projet au contexte. à l'instar d'un parcours de minigolf, on peut par exemple imaginer un chalet en bois où un hôte invite l'utilisateur à remplir le formulaire. Il fournit ensuite à l'utilisateur les fichiers mp3 (avec éventuellement un lecteur en prêt), ainsi que les accessoires nécessaires pour l'Odyssée.


Le projet consiste en une installation vidéo constituée de plusieurs centaines de plans fixes d'1 min max. Ils auront été collectés au cours des itinéraires que je me suis imposés de parcourir à pied, au travers de la Suisse ; j'ai choisi d'arpenter le territoire, dans sa plus grande diversité, en ralliant son centre géographique, Älggi Alp (canton d'Obwald), depuis les frontières. Ces 8 trajectoires me permettent de présenter le paysage avec un regard neuf, loin de l'imagerie habituelle qui hante notre mémoire collective. Certes, des sites majestueux y figurent, mais également des aires d'autoroute, des zones industrielles, des espaces publics et privés d'usages et de qualités variables. Outre l'observation à la fois éclectique, conceptuelle et méthodique qui est à la base de ce projet, c'est le dispositif qui fait la particularité de ma proposition. Le contenu filmique, qui sera probablement finalisé en 2014, servira de matière matière première pour une installation en perpétuelle évolution. La mise en espace, le nombre d'écrans requis, l'articulation des images présentées dépendront du contexte (espace, actualité, interactions avec d'autres œuvres,...). Dans tous les cas, il sera pratiquement impossible pour le spactateur d'appréhender le travail dans sa totalité. Elle réclamera trop de temps, trop d'attention et suscitera chez lui un sentiment de frustration... comme pour lui signifier que notre capacité intellectuelle à se faire une idée fiable est une expérience vouée à l'échec. Dans un second temps, cette expérience en tant que spectateur sera à son tour intégrée au projet.

